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L'Amicale des Apaches - Education en démocratie
22 mars 2012

Prochaine réunion publique le mardi 3 avril à 20H / Venez nombreux !

Réunion publique

Le 3 avril à 20h à la Joie du peuple

Au croisement de la rue Alexandre Dumas et de la rue Planchat

Evaluer, s'évaluer, être évalué / La construction de l'estime de soi

Venez nombreux et faites passer l'info !

 

Lors de la réunion publique nous nous proposons de partir du visionnage d'un extrait d'(In)cultures 2 de Franck Lepage sur l'évaluation. Vous pouvez également le visionner là : http://youtu.be/U7hkXvNM9QM

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Lors de la réunion de préparation pour le 3 avril, il a finalement été question d'évaluation - scolaire/professionnelle (notes et compétences), sociale, émotionnelle.

La conversation a longuement trainé autour de la question de l'inné et de l'acquis et sur le fait que, sous couvert d'inné, il y avait souvent des stratégies sociales de domination et de naturalisation des différences. 

Telle classe sociale ayant plus de pouvoir qu'une autre revendiquera le caractère inné de son intelligence manifestement supérieure - visible en tout cas dans sa réussite sociale. Supposer que l'autre qui a moins réussi est naturellement moins intelligent, c'est renforcer les hiérarchies sociales et se prémunir de toute remise en question en terme d'inégalités de départ.

L'égalité des intelligences est ce postulat qui permet de dénaturaliser les différences. Rappelons Jacques Rancière, Le Maitre ignorant et sa revendication d'une "égalité des intelligences" : "L'émancipation intellectuelle est la vérification de l'égalité des intelligences. Celle-ci ne signifie pas l'égale valeur de toutes les manifestations de l'intelligence mais l'égalité à soi de l'intelligence dans toutes ses manifestations. Il n'y a pas deux sortes d'intelligence séparées par un gouffre. L'animal humain apprend toutes choses comme il a d'abord appris la langue maternelle, comme il a appris à s'aventurer dans la forêt des choses et des signes qui l'entourent afin de prendre place parmi les humains : en observant et en comparant une chose avec une autre, un signe avec un fait, un signe avec un autre signe. Si l'illettré connaît seulement une prière par cœur, il peut comparer ce savoir avec ce qu'il ignore encore : les mots de cette prière écrits sur du papier. Il peut apprendre, signe après signe, le rapport de ce qu'il ignore avec ce qu'il sait. Il le peut si, à chaque pas, il observe ce qui est en face de lui, dit ce qu'il a vu et vérifie ce qu'il a dit. De cet ignorant, épelant les signes, au savant qui construit des hypothèses, c'est toujours la même intelligence qui est à l'œuvre, une intelligence qui traduit des signes en d'autres signes et qui procède par comparaisons et figures pour communiquer ses aventures intellectuelles et comprendre ce qu'une autre intelligence s'emploie à lui communiquer." (Le Maitre ignorant)

Puis, la discussion a navigué sur diverses notions touchant à celle d'évaluation. Accompagner, stimuler, valoriser, évaluer, évoluer...

>Accompagner/Stimuler

L'accompagnement suppose une écoute initiale - écouter d'abord l'enfant et l'encourager. Mais l'encouragement ne peut venir que s'il y a initiative de l'enfant. Sinon, on est dans la stimulation (qui, elle, vient de l'extérieur). Il y a là aussi une question de temps et de sens. Prendre le temps d'écouter, de voir, d'entendre, c'est partager la vie et découvrir le monde. C'est profiter de la stimulation du monde extérieur, tout en laissant un maximum de liberté à l'enfant dans sa découverte du monde, et en fondant cette découverte sur la découverte d'un sens - celui que donne l'enfant à sa découverte et celui qu'on lui donne en l'accompagnant.

>Evaluer/Valoriser

En tant que parent, la question de l'évaluation se pose aussi en terme de valorisation. Mais je peux me trouver à valoriser telle chose qui en fait m'insécurise. L'autre peut alors représenter ce que j'imerais en fait posséder moi. Il y a alors une sorte de confusion narcissique entre ce que je souhaite valoriser chez mon enfant et ce que j'aimerais posséder moi.
En prendre conscience, c'est pouvoir aussi considérer ce jeu d'appropriation réciproque des qualités de l'autre comme un partage de bonheur et d'amour.

L'enfant doit apprendre lui-même à (s')évaluer (la douleur, la gravité, la difficulté). L'accompagner dans l'apprentissage de la graduation, de la modulation, sans le priver de l'expression de sa sensibilité et de ses émotions, mais en renonçant peut-être à un moment donné à la douceur tentante de l'épanchement, du réconfort, de l'expression sans limite de l'émotion, c'est arriver à accompagner l'enfant (et soi-même) dans l'après, lui apprendre à se projeter dans l'après-coup, l'après-chute, l'après-tristesse, etc.  La frustration est importante et son apprentissage s'accompagne d'un certain renoncement à la fusion émotionnelle.

>Evaluer/Evoluer

Quand l'évaluation devient étroite, définissante, stigmatisante, quand l'enfant est "AINSI", il n'y a plus de place pour l'évolution. Le jugement se fait définitif, moral. Et donc réducteur et castrateur.

(Concernant la question de l'évaluation scolaire et des compétences, on pourra relire le post sur Christian Laval et La nouvelle école capitaliste). 

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