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L'Amicale des Apaches - Education en démocratie
23 avril 2012

Compte-rendu de la réunion du mardi 3 avril / Evaluation et estime de soi

Nous commençons par une projection (techniquement quelque peu contestable...) d'un passage de la conférence gesticulée de Franc Lepage, (In)cultures 2, sur l'évaluation, dans laquelle il explique la différence entre les propositions pédagogiques de Lepeletier de Saint Fargeau et de Condorcet durant la Révolution. Le premier défend alors un système égalitaire où toute une classe s'élève ensemble, quitte à empêcher les plus riches et privilégiés d'apprendre plus vite que les autres. Condorcet défend au contraire un système au mérite, dont nous sommes aujourd'hui les héritiers.

Nous poursuivons par un petit compte-rendu de la conférence sur l'évaluation dans l'imaginaire néolibéral (que vous pouvez trouver quelques posts ci-dessous). Une discussion s'ensuit :

La construction de l'estime de soi est d'autant plus importante dans un monde qui, en tout, tend à parcelliser les tâches, segmenter les relations et renvoyer chacun à sa capacité à faire isolément. Le monde actuel tend, dans tous les domaines (éducation, mais aussi entreprise, vie privée, santé, etc.), à nous faire croire que notre réussite dépend uniquement de notre mérite individuel et des efforts individuels consentis, à l'inverse de toute logique humaine qui dit qu'en tout nous sommes liés les uns aux autres.

La parcellisation en tout (qui s'accompagne de l'évaluation en tout) nous rend collectivement et individuellement malades et ce n'est sans doute pas un hasard si les maladies psychologiques de notre époque sont la shyzophrénie et la bipolarité. Comment se retrouver dans cette parcellisation (des tâches de la vie, des tâches au travail, des exigences plus ou moins contradictoires du quotidien) ? Le faire-ensemble et le penser-ensemble sont essentiels à toute communauté humaine. Comment serait-il possible d'y renoncer ?

L'estime de soi est ce qui permet d'aller vers le monde, de faire corps avec lui. Il faut pour cela que l'accompagnant permette à l'autre d'aller vers le monde. Il faut une suffisament bonne sécurité affective. Mais aussi, entre l'accompagnant et l'autre, une respiration, une limite à la fusion et au faire-plaisir. L'autre, l'enfant peut alors rejouer dans le monde des choses jouées dans le cercle familial et qu'il va y résoudre ou au contraire y compliquer. 

On est pris dans des préjugés par rapport à l'évaluation, et notamment la notation (sa nécessité pour avancer, pour progresser, pour apprendre). Il faudrait pouvoir se dégager d'une conception rigide de l'évluation. Par exemple en se décollant de l'adjectivation, de la nomination. Qu'est-ce que c'est que de définir telle personne d'abord comme étant en échec scolaire, sans domicile fixe, sans emploi, etc. ? Qu'est-ce que cela fait individuellement et collectivement ?

L'évaluation globale, contrairement à la segmentation des notes, est une forme d'évaluation qui se fait en discussion avec l'accompagnant. Contre la fragmentation des acquis et la sanction d'un passé révolu, l'évaluation en discussion est un pari sur le futur, une marque de confiance en l'évolution toujours possible. 

La solitude du glanage des notes va à l'encontre du faire-corps de l'école. L'institution scolaire, malgré son "apprentissage de la collectivité" ne favorise pas toujours le collectif. Evaluer de manière collective permettrait peut-être une évaluation vivante, contre une note qui vient d'en haut et qui fige individuellement. Le risque de la notation, c'est que l'enfant ou la personne se trouvent piégés dans la quête de la bonne note - et dans l'absence de plaisir. C'est alors un savoir, un métier qui se construit sans plaisir. Les 85% d'élèves qui ne peuvent tirer des notes le plaisir et la satisfaction de la réussite pleine et entière se trouvent fragilisés. D'autant que les enfants ont souvent déjà un regard très durs sur eux-mêmes, et notamment les adolescents. 

Les points de vue sur l'autre peuvent diverger selon les formations reçues. Souvent, face à l'élève qui n'y arrive pas, l'enseignant concluera que l'enfant n'y arrive pas. L'éducateur aura tendance à conclure que c'est lui, éducateur, qui n'y arrive pas avec l'enfant. De là découlent des propositions éducatives différentes. Cela dit, la valorisation peut être très maternante et créer une autre forme de dépendance. L'accompagnement à l'autonomie fonctionne si la personne a déjà construit des choses en elle. La place de l'accompagnant ne va pas de soi et il doit réfléchir au rôle qu'il se donne. 

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